Les obsèques et le deuil
Retrouvez sur cette page une brève description de la levée du corps et de l'enterrement, les principales règles du deuil (Avelout), et des réponses claires aux questions suivantes :
Qui porte le deuil ?
Combien de temps dure le deuil ? Pour les enfants du défunt ? Pour les autres ?
Quelles sont les étapes du deuil ? Que désignent les mots Chiv'a ? Chlochim ? l'année ?
Qu'est-ce que le Kaddish ? Qui doit le dire ? Pourquoi ?
Quand retourner au cimetière après l'enterrement ?
L'enterrement
La fermeture du cercueil et la levée du corps :- L'entreprise de pompes funèbres se présente, et informe la famille que l'heure est venue de fermer le cercueil.
- Le rabbin chargé de l'inhumation, s'il est présent à la levée du corps, chante des psaumes.
- Une coutume ashkenase aujourd'hui répandue dans la plupart des communautés consiste à demander pardon (ou "Mehila") au défunt.
- Le personnel des pompes funèbres ferme et scelle le cercueil. Les proches et amis peuvent participer à la fermeture, c'est faire honneur au défunt.
- C'est également faire honneur au défunt que de porter son cercueil. C'est interdit aux endeuillés.
- Les prières dites pendant l'enterrement sont disponibles sur ce site, en hébreu, français et phonétique. Voyez la page Derniers devoirs>>Tefilot.
- Celui qui n'est pas entré dans un cimetière depuis 30 jours dira la bénédiction Acher Yatsar Etkhem BaDin.
- Le Tsidouk Hadin est l'éloge de la Justice Divine.
- De nos jours, il est récité par le rabbin chargé de l'inhumation, et traduit devant l'assemblée qui répond Amen.
- Le cercueil est ensuite descendu dans la tombe. Il est bon qu'un juif au moins tienne l'extrêmité de la corde du fossoyeur.
- L'assistance défile devant la tombe, et chacun y jette trois pelletées de terre.
- L'usage veut que l'on ne se passe pas la pelle ou la cuiller tendue par le fossoyeur. L'un la lâche, l'autre la prend.
- Dans la plupart des communautés sépharades, on récite alors un Kaddich spécial : le Kadich Deit'hadeta.
- On peut également réciter le Kaddich Yehe Chelama.
- Après avoir prononcé les mots :"Baroukh Ata Ad.onaï, Elohénou Melekh Ha'Olam, Dayan HaEmet", "Loué sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Maître du Monde, Juge de la Vérité", le rabbin aide les endeuillé(e)s à déchirer leur vêtement.
- Pour un père ou une mère, on déchire la chemise du côté gauche, près du coeur.
- Pour les autres parents (fils, fille, frère, soeur, conjoint), on déchire du côté droit.
- L'endeuillé doit être debout au moment de la Qeri'a, comme il est dit : "Le Roi se leva, déchira son habit, et se coucha" (2 Samuel, 13,31).
- L'endeuillé lui même doit déchirer au moins dix centimètres de son vêtement. En général, le rabbin muni d'une paire de ciseaux fait la première entaille, et l'endeuillé l'agrandit en s'aidant de ses doigts.
- Les femmes déchireront leur vêtement à leur retour au domicile, et se feront aider par une autre femme.
- Aucune limite dans le temps n'est fixée pour un père ou une mère.
Première étape du deuil dans le judaïsme : Les Chiv'a (Les 7 Jours):
Le deuil (Avelout) commence aussitôt après l'enterrement :- Avant de quitter le cimetière, on se rince les mains à l'eau froide, sans dire de bénédictions, et on les laisse sécher à l'air libre.
- Après l'enterrement, les endeuillés rentrent directement chez eux. Ils ne doivent pas, comme on le voit parfois, aller "boire un café".
- En arrivant à la maison, on s’asseoit à même le sol (ou sur un coussin, ou des sièges bas) et l'on mange un repas léger, appelé la Seoudat Havraa.
- Les amis, les voisins, les proches, amènent ce premier repas, car le premier jour, les endeuillés ne doivent pas manger de la nourriture qui leur appartient.
- Ce repas comporte traditionnellement du pain, et des oeufs durs et des lentilles, dont la forme ronde rappelle le cycle de la vie.
- Ce n'est pas une Halakha, mais on ne mange traditionnellement pas de viande ni de vin pendant les Chiv'a, à l'exception des repas de Chabbat.
- Le Birkat HaMazone (Actions de Grâce) différe légèrement pendant les 7 jours de deuil. Voir texte ici
- Si possible, et si dix hommes au minimum sont présents, il conviendra de prier Arvit, Chaharit et Min'ha au domicile. Les endeuillés pourront ainsi réciter le Kaddish.
- Si le mynian n'est pas atteint au domicile, les endeuillés ont le droit de se rendre à la synagogue pour prier et dire le Kaddish.
- A la fin de l'office, à la maison ou à la synagogue, après la Hachkaba, l'assemblée présente ses condoléances aux endeuillés, en prononçant chez les communautés orientales et sépharades les mots "Min HaChamaïm Ténoukhamou", et dans les communautés ashkenases "HaMakom Yénakhem EtKhem BeTokh Chéar Aveleï Tsion ViYroushalaïm".
- Le Kaddich doit être récité chaque jour pendant toute l'année qui suit le décès.
- On ne travaille pas.
- On ne sort pas de la maison, sauf si l'on n'a pas d'autre choix, pour aller dormir ou à la synagogue.
- On ne se lave pas, à l'exception du visage, des mains et des pieds.
- On s'asseoit à même le sol, ou au plus près, sur un coussin ou des sièges bas.
- On mange à part, sur une table plus basse que d'habitude.
- On ne se maquille pas, on ne s'enduit pas de crèmes.
- On ne se rase pas, on ne se coupe pas les cheveux ni les ongles.
- On ne répond pas à ceux qui demandent "Comment ça va ?". On ne répond rien, ou bien l'on se contente de dire que l'on est en deuil. Même si un Roi ou un Ministre venait vous consoler, vous ne seriez pas tenu de vous lever pour le saluer.
- On ne porte pas de chaussures en cuir.
- Pas d'habits neufs ou qui n'ont pas été portés depuis leur dernier lavage.
- On n'étudie pas la Torah, sauf les lois du deuil, ou des textes de Moussar. On ne "monte" pas non plus à la Torah.
- Pas de relations conjugales.
- Le Chabbat, les manifestations publiques du deuil sont proscrites.
- Les endeuillés doivent donc ôter le vêtement qui a été déchiré à l'enterrement, et s'habiller pour Chabbat.
- Ils peuvent remettre des chaussures en cuir, aller à la synagogue, s'asseoir et manger normalement.
- Par contre, la toilette, la vie conjugale et l'étude de la Torah, pour le plaisir qu'elles procurent, restent interdites.
- On peut néanmoins se laver brièvement avant Chabbat, de préférence à l'eau froide.
- Si c'est un endeuillé qui prononce la Havdala, il ne dira pas les premiers versets qui expriment la joie, mais commencera directement par les bénédictions.
- Après la Havdala, les endeuillés reprennent le deuil.
Pour plus de précisions sur les lois relatives au deuil (Hil'khot Avelout), vous pouvez consulter la rubrique "Pour Approfondir" (en hébreu), ou nous joindre par email ou par téléphone
- On compte les jours de deuil à partir du jour de l'enterrement, qui compte pour un jour entier même si l'enterrement a eu lieu en fin d'après-midi.
- Le soir du 6ème jour, les endeuillés organisent traditionnellement un office dans la maison où s'est tenue la Chiv'a.
- On offre généralement une Seouda (collation), de manière à pouvoir dire des bénédictions sur les aliments pour l'élévation de l'âme du défunt
- Le septième jour du deuil, les endeuillés retournent au cimetière : après la lecture de Tehilim, on dira la Hachkaba et le Kaddich.
- Pour lire les Hachkaba et le Kaddich en hébreu ou en phonétique, cliquez ici.
- Après l'office du matin ou la visite au cimetière, on adresse aux endeuillés, les mots de consolation suivants, qui viennent clotûrer cette première étape du deuil que sont les Chiv'a :
- Pour les sépharades : Min HaChamaïm Ténoukhamou
- Pour les ashkénases : HaMakom Yénakhem Etkhem BeTokh Chéar Aveleï Tsion ViYroushalaïm
- Vous pouvez lire ces versets en hébreu et en français ici
- Commence alors la seconde étape du deuil, dite "Chlochim" parce qu'elle dure, en période "normale" jusqu'au trentième jour après l'enterrement.
Après cette visite au cimetière, les endeuillés peuvent rentrer chez eux, jeter le vêtement déchiré pour le deuil, prendre une douche, retourner au travail..
La deuxième étape du deuil dans le judaïsme : Les trente jours, ou « Chelochim »
- Seuls subsistent les interdits suivants :
- On ne se rase pas
- On ne se coupe pas les ongles et les cheveux avec une lame
- On ne porte pas de vêtements neufs ou qui ont l'air neuf
- On ne va pas aux fêtes liées à la vie mondaine, notamment celles où l'on écoute de la musique.
- On peut assister aux bénédictions liées à la célébration de l'accomplissement d'une mitsva, mais pas à la fête qui est souvent donnée après.
- Par exemple, si un mariage survient dans la famille pendant les Chlochim, on pourra assister à la cérémonie de la Houpa, mais pas à la soirée dansante.
- Si le fils ou la fille d'un(e) endeuillé(e) doit se marier pendant les Chlochim, l'endeuillé(e) pourra participer à la fête, à condition de paraître y jouer un rôle mineur, par exemple en participant au service du repas.
- Les chelochim prennent fin le trentième jour, après le lever du soleil.
- De même que pour les Chiv'a, la veille au soir, on offre généralement une Seouda (collation), de manière à pouvoir dire des bénédictions sur les aliments pour l'élévation de l'âme du défunt
- Le trentième jour, la famille tâchera de réunir un Mynian pour retourner au cimetière. On y dira des Tehilim, la Hachkaba et le Kaddish.
Après les chiv'a, les endeuillés entrent dans la seconde phase du deuil, dite "Chlochim", parce qu'elle prendra fin le trentième jour après le décès.
Après les chiv'a, on peut sortir normalement de chez soi, s'asseoir sur une chaise de hauteur normale, se maquiller, porter des chaussures de cuir, reprendre le travail et les relations conjugales.
Les douze mois
- Après les trente jours, ou après la fête qui les a interrompus, le deuil est totalement levé sauf pour les enfants du défunt.
- L'interdiction de se raser et de couper ses cheveux dure tant que personne ne nous en a fait la remarque.
- Cette remarque, formelle, peut être faite dès la fin des chelochim.
- Chez les Ashkénazes, l'usage veut que l'on attende au moins trois mois.
- Il est défendu de porter un vêtement neuf durant les douze mois, tant qu'une remarque amicale ne nous aura pas été faite.
- Les "sorties" et mondanités sont interdits pendant l'année, de même que les fêtes où l'on entendra de la musique.
- Cependant des parents en deuil pourront assister au mariage de leurs enfants, y compris le diner, à condition de se mettre légèrement en retrait.
- Ils pourront par exemple se préoccuper du bien-être des convives, en leur servant à boire ou à manger.
- Le deuil cessera complètement douze mois après l'enterrement.
Le Kadish
- L'âme du défunt est jugée, selon la tradition, pendant l'année qui suit son décès.
- Le Kaddich, dit par les fils du défunt à la synagogue, à chaque office pendant onze mois, donne du mérite au défunt.
- Si pour une raison quelconque, la famille ne peut assumer cette responsabilité, elle doit la confier à une personne de confiance.
- Se rapprocher de la communauté, pour ceux qui s'en seraient éloignés, donner "aux pauvres", à la synagogue, s'impliquer encore plus dans l'éducation des enfants et la transmission des valeurs du judaïsme, qui souvent étaient chères au défunt, est également très important.
Les visites au cimetière
- La fidélité à la mémoire du disparu se traduit encore, selon l'usage séfarade, par des visites fréquentes de sa tombe tout au long des douze mois. Elles ont lieu notamment à la fin des sept jours, des trente jours et des onze mois, et aussi, éventuellement, chaque vendredi et veille de Roch'Hodech (néoménie), ainsi que les veilles de grandes fêtes.
- Dans les communautés de rite alsacien ou allemand, au contraire, on s'abstient de retourner au cimetière avant l'anniversaire de l'inhumation, pour éviter tout amalgame avec un culte des morts.